!!!...UNE MINUTE DE MA VIE...!!!






























Un jour pareil aux autres se lève sur la savane environnante. Il n'est que 5h30', mais déjà, tout le village vit dans l'attente de l'événement.
Pour moi, âgée maintenant de quinze ans, ce ne sera pas un jour ordinaire, ce sera l'un des plus importants de ma vie.
Ma famille a décidé qu'il était venu le temps de quitter l'enfance, de devenir une jeune fille prête au mariage. Qui sait, peut-être viendra-t-il demain, celui qui demandera ma main ?
Pour être une femme Samburu, je dois obligatoirement subir l'excision. Personne ne voudra m'épouser si je ne me soumets pas à ce rite, si je me refuse à cette cruauté, à ces heures de souffrances dont m'ont déjà parlé les anciennes de la famille.
Hier soir, je me suis fait raser la tète et enduire de couleur rouge, obtenue d'un mélange de graisse de vache et d'argile rouge. Je n'ai pas dormi, en pensant à la cérémonie dont je serai bien malgré moi la vedette, en écoutant les anecdotes du temps passé.
Les premières lueurs du levant s'annoncent, l'exciseuse a fait son entrée dans la case, toute souriante, l'arme du crime à la main. Je ne me plaindrai pas, la lame de rasoir est neuve, encore propre et bien coupante.
L'angoisse me saisit, je me mets à trembler de tous mes membres. Dans un éclair, je revois mes compagnes, excisées avant moi, les yeux dilatés par la douleur, tout leur être révolté sous cette mutilation définitive.
Mais je dois cacher ma peur, ma mère est la, à m'observer, prête à toute remontrance et à me rappeler le bon comportement pour la circonstance...pas un cri, pas un pleur, pas un mouvement...
Soudain, tout se précipite, on me pousse en dehors de la hutte, il fait encore froid, il n'y a pas que l'angoisse qui me fasse trembler.
Une peau de vache est déposée en hâte à l'entrée et, perdue dans ma peur, j'entends les voix qui m'enjoignent de retirer ma robe, d'exposer ma nudité de jeune fille.
Je m'exécute, mais je ne vois plus rien autour de moi ; je dois me concentrer sur le refus de la douleur.
Il fait plus froid encore, on vient de m'asperger d'un mélange de lait et d'eau. Trois femmes m'obligent à m'asseoir, deux m'écartent les jambes avec force, une me maintient le dos.
Je vois la lame, les doigts de l'exciseuse qui cherche dans mon intimité les points les plus sensibles, tout ce qui aurait pu faire de moi une femme à part entière.
Ensuite, je ne sais plus....Une douleur si vive, si intense, répétée par trois fois m'a déchirée...mais je n'ai pas crié, je n'ai pas bougé ...j'ai plissé les yeux, j'ai serré les dents autant que possible.
Quand je rouvre les yeux, je suis assise dans une mare de sang, qui s'agrandit ; le sang coule toujours, mais l'opération semble satisfaire l'assistance et, pour panser mes plaies, on y applique sans la moindre délicatesse, de la graisse de vache.
Je dois me relever, retourner sur ma couche préparée spécialement à cet effet et me reposer. Une plainte m'échappe, je n'en peux plus. Ma mère me rappelle vite à l'ordre, ce serait honteux qu'un homme de passage m'entende gémir.
On me laissera seule avec ma peine, mon corps détruit à jamais, jusqu'à l'heure où je serai forcée de boire le mélange de sang et de lait, préparé pour moi, afin de reprendre des forces.
Je suis enfin une femme, je suis désormais prête à être vendue à l'homme qui pourra payer le nombre de têtes de bétail exigées par mon père.
De par l'excision, je suis mure, je suis propre, je suis enfin à même de donner naissance à des enfants sains qui feront la fierté de mon mari et de sa famille.

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